« Regard d'une supportrice exilée... »

3 octobre 2010

« Il a vraiment le moral. Il a la pêche et relativise. Sa blessure évolue bien et pour Hatem, tout se passe parfaitement dans ce contexte familial. C’est l’endroit idéal pour lui. »


Hatem Ben Arfa, pas le temps pour les regrets ?


Voilà, Hatem Ben Arfa s'est fait péter la jambe gauche par l'horrible Nigel De Jong. Une semaine après avoir offert à l'Angleterre les premières bribes de son talent brut, le jeune français a découvert la violence brute de la première League. Un choc terrible qui assombrit naturellement l'avenir d'une carrière, déjà mal démarrée.

Dans un dernier effort samedi dernier, Ben Arfa se redresse sur sa civière et salue le public de St James Park. Un geste ponctué peu après par cette déclaration « Je vais revenir. Je vais travailler très dur dès que ce sera possible pour revenir et jouer encore sous le maillot de Newcastle et jouer devant les supporters. Le chemin sera long, mais je reste confiant ». Depuis, ce sont les acteurs et observateurs qui apportent leur soutien à un des énièmes « enfants terribles » du football français. De Samir Nasri : « C'est un ami. Je lui souhaite un bon rétablissement. Je vais l'appeler mais après sa famille. J'espère que ça le rendra plus fort, c'est dans ces épreuves qu'on grandit », à Luis Fernandez : « Je suis vraiment triste pour Hatem Ben Arfa. J'ai parfois critiqué le joueur mais là je suis triste. C'est un jeune homme avec plein de talents, une dose de génie qu'il n'arrive pas à exploiter. Il va revenir et il va réussir à devenir un grand joueur, c'est sûr !! » en passant par tous les fans de football en France. Même Didier Deschamps, clairement pas fan du bonhomme y est allé de son mot envers HBA : « je suis déçu pour Hatem. Car c'était un nouveau challenge pour lui. C'est une blessure qui nécessite du temps et donc de la patience pour revenir. Mais il est jeune, il reviendra». Des déclarations qui ont toutes en commun l'assurance de revoir Ben Arfa en pleine forme sur les terrains après son retour. Quoi de plus normal quand le plus grand espoir des dix dernières années (son nom était déjà dans les bouches de tout le monde en 1999 alors qu'il n'avait que 12 ans), dont la carrière tarde à prendre la trajectoire qu'on lui prédisait voit une nouvelle saison démarrer en cauchemar à cause d'un coup du sort mal venu ? Lui qui avait accepté de relever le challenge d'un promu anglais pour enfin connaître les joies d'une place de titulaire...

Une carrière en pointillée

La notoriété de Ben Arfa commence il y a 10 ans dans le reportage « A la Clairefontaine ». Né en 1987, il intègre le centre de pré-formation au sein de la génération 86. Il est l'attraction principale du documentaire. Autant dire que lorsque son nom ressort pour intégrer l'effectif pro de l'OL, les amateurs de la série et les professionnels n'ont qu'une envie, voir le petit génie enflammer les stades. Le 6 Aout 2004, à seulement 17 ans, HBA fait ses grands débuts dans l'élite. Au total cette année là, Ben Arfa apparaît 9 fois pour un total de 274 minutes de jeu. Les promesses sont nombreuses et la patience de rigueur car c'est sûr, Hatem Ben Arfa sera un jour, la bombe que tout le monde attend.

Mais le temps passe et rien n'arrive, si ce n'est un départ devenu inéluctable de l'OL au mercato 2008. En quatre années sur les bords du Rhône, il disputera un total de 92 matchs pour 12 buts. Les qualités footballistiques sont là, tout le monde s'accorde à le dire, mais le souci vient de son acclimatation dans un groupe de professionnels comme le confesse Robert Valette, un de ses formateurs à Lyon : « Il avait des qualités footballistiques hors normes. Mais après, il y a l'homme derrière. On n'a peut-être pas su s'occuper bien du garçon et de l'homme qu'il est devenu et aller au-delà du footballeur. »

Arrivé à Marseille pour 12 millions d'euros, il veut tout casser et en finir avec les spéculations sur sa capacité à assumer son statut. Tout semble commencer comme il faut avec Eric Gerets. Titulaire, il marque et apporte un vrai plus offensif au jeu marseillais. Et puis petit à petit ressurgissent les mêmes supposés problèmes avec certains coéquipiers (Cissé, M'Bami, Ziani) et il retrouve le banc des remplaçants régulièrement. Une situation, comme à Lyon, qu'il n'arrive pas à comprendre jusqu'à exprimer son malaise en refusant de rentrer en jeu lors du classico face au PSG au Vélodrome. Sa situation oscillera jusqu'au terme de la saison entre titularisations et mise sur le banc. Gerets quitte l'OM, Didier Deschamps prend le relais, pour le même constat : on ne laisse rien passer au (encore) jeune Hatem. Artisan du titre de champion au même titre que la plupart de ses coéquipiers, il se retrouve le plus souvent cantonné au rôle de joker. Pourtant au cours de ses titularisations (titulaire tous les matchs de la 21ème à la 32ème journée) ses performances sont convaincantes et ramènent l'OM dans la course au titre pour la dernière ligne droite (9 victoires, 2 nuls, 1 défaite). Mais le courant n'est définitivement pas passé avec Deschamps, d'autant que le jeune français n'est pas non plus exemplaire (porte le maillot de Niang avant de rentrer en jeu, oubli d'enlever sa chaine, s'endort sur le banc, arrive en retard...). Au terme de la saison, le souhait de s'en séparer est clair. Hatem a donc quitté l'OM ce mois d'Aout prêté à Newcastle. Un nouveau départ qui doit lui permettre de se révéler : « Fini la parlotte ! Je veux montrer aux supporters ce que je sais faire sur le terrain. Ils m'ont si bien accueilli la semaine passée face à Blackpool que je veux désormais prouver ma valeur. », jusqu'à cette troisième minute...

Quid de la suite

Jamais blessé jusqu'ici, HBA passe directement par la case « fracture » avec une carte invalidité pour minimum 6 mois. Une énième situation particulièrement difficile à vivre moralement et physiquement.

Doté d'un caractère fort qu'il a déjà exprimé plus d'une fois, particulièrement lors de son départ de Marseille cet été. Il n'a en effet pas hésité à annoncer : « Je ne retournerai plus à la Commanderie. C'est fini. Je ne suis pas un paquet de lessive, je ne suis pas de la merde. C'est parce que mes dirigeants se foutent de ma gueule que je vous annonce que je suis prêt à mettre ma carrière entre parenthèses.» Cet état d'esprit déterminé, c'est indéniablement un plus quand il s'agit de traverser une telle épreuve. Car après s'être littéralement fait casser la jambe, il n'est pas évident de revenir. Demandez donc à Alf-Inge Haland dont la carrière s'est stoppée net après que Roy Keane se soit occupé de lui en 2001, ou encore à Jonathan Lacourt, incapable de revenir après son choc avec Kader Mangane en 2009.

Reste qu'après il faut aussi être capable de retrouver toutes ses sensations, sa fougue et la totalité de ses capacités. C'est là que va se jouer l'avenir de Ben Arfa. Car des exemples de joueurs qui ont rejoué au haut niveau après une grave blessure, il y en a beaucoup. Djibril Cissé, Grégory Coupet, Laurent Leroy, Eduardo, Alan Smith...mais il est important de noter que parmi ces exemples, pas un seul n'est parvenu à retrouver son meilleur niveau. Coupet est devenu le remplaçant d'Edel, Cissé joue au Pana, Leroy s'est perdu, Eduardo joue maintenant au Shakthar Donetsk et Alan Smith...à Newcastle. Ben Arfa sera-t-il capable de revenir sur un terrain en possession de tous ses moyens technique et physique ? Rien n'est moins sûr. « Pas le temps pour les regrets, mes erreurs m'appartiennent » rapaient Lunatic. Après tant de mésaventures, le refrain collait bien à Hatem Ben Arfa. Sauf que depuis cette blessure, les regrets pourraient bien être éternels.


Joachim Gettler - Surface

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